top of page
  • Photo du rédacteurLa poupée qui fait non.

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement.

Aujourd'hui, je veux te parler des mots. Des mots des gens, ceux qu'on entend et qu'on lit. Jusque là, il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Qu'est-ce qu'elle a celle là ? C'est quoi le problème avec les mots ? Rien de grave. Certains vont dire que j'exagère, d'autres que ce que je soulève existe depuis des lustres et que ça va aller de mal en pis.

Une petite mise en contexte s'impose. D'abord, il faut admettre que nous sommes bombardés d'informations de tous les côtés, en images, dans la presse écrite, à travers des entrevues, des publications sur les réseaux sociaux et j'en passe. C'était déjà le cas, et on s'en rend d'autant plus compte que depuis plusieurs semaines déjà, nous sommes tous confinés chez nous. Nous accordons encore plus de temps à la lecture (papier ou numérique), au contenu vidéo (sur nos télé, nos téléphones, etc.) et audio. Voilà ! Je souris en écrivant cette phrase mais c'est en écoutant une entrevue que la chose m'a sauté aux yeux. Et oui. Tout en coloriant de belles illustrations dans un cahier, je me suis rendue compte que j'étais agacée par ce que j'entendais. J'aurais pu mettre sur pause, en effet, ou mettre de la musique pour passer à autre chose mais j'ai préféré me demander pourquoi ça m'agaçait. Qu'est-ce qui me titille l'oreille ? Il ne s'agissait pas du contenu, loin de là, car c'est une série d'entrevues que j'affectionne et que je recommande pour la qualité des réflexions et des témoignages que l'on y trouve. Bref, je n'étais plus capable d'entendre l'invitée parler son franglais de grande école, et je me demande aujourd'hui si je suis la seule qui saigne des oreilles parfois.

Au fil des phrases, je l'écoutais parler de ses start-up week-end, de son business plan, du lancement du crowdfunding, de son background mais aussi des produits clean, le snacking, le veggie, le green branding et je vais m'arrêter là pour l'instant.

J'aimerais préciser que je n'ai rien contre les langues étrangères. J'ai appris à l'école comme bon nombre d'entre vous l'anglais, l'espagnol mais aussi l'italien et j’apprends en autodidacte des rudiments de japonais. Je pourrais même dire que j'adore les langues en général car je les trouve fascinantes. Je les aime et donc j'aime quand on les chouchoute, quand on leur fait honneur, quand on se demande régulièrement «comment je pourrais dire ça ?».

En revenant à ce moment d'inconfort auditif, je me suis dis que je n'aurais jamais eu la même réaction si la personne (et elle n'est qu'un exemple) avait fait l'entièreté de sa présentation en anglais, ni même si au cœur de ses réponses aux différentes questions, elle avait introduit des phrases entières en anglais. Dans ce cas, elle aurait pu utiliser des expressions complètes dans la logique d'une phrase puis ensuite les traduire au besoin.

Et oui ! Je comprend que travailler en partenariat avec des entreprises internationales implique de parler un anglais de base pour permettre les échanges et le commerce. Très bien. Et d'ailleurs ça marche pour d'autres langues. Mais pourquoi on entend pas à la radio des gens parler de raccolta di fundi, de plan de negocios, de hintergrund ou de tendance yasai ? Il y a bien sûr des centaines de mots qui proviennent d'autre langues que nous utilisons en français, mais la plupart du temps ce sont des expressions qui se traduisent très difficilement en français car ils décrivent une réalité venue d'ailleurs. Or, tous ces mots qui sont utilisés dans un cadre professionnel et qui fleurissent au milieu de syntaxes franco-française ont un équivalent dans la langue de Molière. Qu'est ce que ça coûte, surtout lorsqu'on veut vulgariser un sujet, de parler de financement participatif, de ses expériences professionnelles, de produits dont la composition est saine et sans danger pour le consommateur, de collations végétariennes ou végétales, d'une image de marque plus verte ou écoresponsable ? Du temps ? De l'énergie pour faire bouger ses mandibules ? C'est trop long à dire ? Misère, on est si pressés que ça ?

C'est amusant tout ça, car ces expressions qui pullulent à l'oral ne sont pas moins présentes à l'écrit, loin de là. Jusque dans les journaux, des articles très sérieux utilisent délibérément des anglicismes sans même les souligner dans la typographie. Tout en tombant en pâmoison devant des institutions millénaires comme l'Académie Française, on privilégie des mots vides et éculés plutôt que de chercher à remettre sur le devant de la scène des mots qui existent aussi mais qu'on a laissé de côté car ils apparaissent moins sexy.

Pour conclure, j'aimerais dire à tous ceux qui ne peuvent s'empêcher de ponctuer leurs phrases d'anglicismes sans âme que ça ne vous donne pas l'air plus intelligent. Dans les faits, lorsque je vous écoute, la mécanique inverse se produit et j'ai simplement la sensation que vous ne connaissez pas la signification des mots que vous employez. Et donc, vous avez instantanément l'air un peu plus bête car vous ne maîtrisez pas votre propre langue. C'est un peu dommage.

Vous êtes libre de dire ce que bon vous semble. Certes. Quant à moi, je suis libre de vous donner des petites claques imaginaires quand j'entends des anyways, des pitchs, des gens qui font du running mais aussi et surtout ceux qui vont au drive.



56 vues1 commentaire

Posts récents

Voir tout
Post: Blog2_Post
bottom of page