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Photo du rédacteurLa poupée qui fait non.

À CORPS PERDU

Dernière mise à jour : 14 oct. 2020

J’ai le cerveau envahi. Il a l’habitude de tourner à plein régime, que ce soit dans la tourmente ou lorsqu’une coccinelle se pose délicatement sur le dos de la main. J’ai le cerveau débordé, le monde  entier tourne dans sa boîte crânienne. La croute terrestre en forme de cuir chevelu. C’est le branle-bas de combat car les informations affluent sans discontinuer, elles n’arrêtent jamais. Jamais. L’encéphale traite les mots à la radio, les infos affolantes, les bouleversements mabouls et les instantanés déjà fanés qui brûlent les lèvres des présentateurs. Il traite les mots sur le papier en gros lettrage, gras, souligné, les dernières heures d’un quotidien qui fuit. Il décortique des images mouvantes, des artifices, des humains capturés à travers la lentille. Il le voie, il juge ce qui lui semble bon, malsain, digne d’intérêt, insignifiant ou divertissant. Il traite en permanence, les changements de températures dans l’atmosphère et sous la peau. Les picotis, les picotas, l’étiquette qui gratte et celle qu’on lui colle sur le front. Bizarre. Intello. Égoïste. Il traite les échos du vent, la sirène des pompiers, le ventre qui gargouille, le silence radio. Les informations affluent sur toutes le plateformes sensorielles ou électroniques. La notification scintille sur l’écran, titille la cornée et le cerveau part au quart de tour. Une odeur de bouffe, café, grillade, le pain qui lève, le chocolat qui fond, le gaz qui s’échappe du pot d’échappement. Tous ces signes invisibles et ô combien immédiats, qui frôlent les narines, agitent les papilles. Ils envoient tous un message clair :

Nous sommes le monde, vient vite nous découvrir.



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